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Un panoramique exotique au château de Champlitte

Champlitte | Haute-Saône | Musées de Champlitte | 1804
Époque contemporaine | L'Europe et le monde

© Musées de Champlitte

« Les Sauvages de la mer Pacifique », encore appelé « Les Voyages du capitaine Cook » ou « Paysages indiens » est un papier peint panoramique dessiné par Jean-Gabriel Charvet et édité par la société Joseph Dufour et Cie de Mâcon en 1804.

Ce papier peint représente en 20 lés une suite de scènes exotiques, parfois arrangées, représentant les voyages de James Cook, Louis Antoine de Bougainville et Jean-François de La Pérouse dans les îles du Pacifique au XVIIIe siècle.

Pour cette composition, Joseph Dufour, par ailleurs connu pour ses dessins naturalistes, s’inspire des écrits de Jean-François de la Harpe (écrivain français d’origine suisse proche dans sa jeunesse des philosophes des Lumières, auteur d’une Histoire générale des voyages en 32 volumes). Ce panoramique traite d’un sujet novateur pour l’époque, ouvrant un véritable goût pour l’exotisme, en illustrant les récentes découvertes établies à la fin du XVIIIe siècle par les navigateurs européens dont le Capitaine James Cook. Ce dernier devient célèbre par ses découvertes et surtout par sa mort tragique à Hawaï, tué au cours d’une querelle avec des indigènes. Quoique non représenté sur le panoramique, cet événement tragique qui n’a pas sa place dans une œuvre destinée à la rêverie et à la contemplation, est tout de même suggéré par la fumée qui s’échappe du volcan près duquel est situé un navire colonial marqué d’une tâche blanche, représentation de l’explosion du boulet de canon tiré lors des combats qui lui seront fatals (complément 1).

Chaque lé peut mesurer jusqu’à 3,20 mètres de haut et 54 cm de large, soit une largeur totale de 10 mètres. Le ciel occupe un grand espace en partie haute, permettant ainsi une découpe du papier peint pour l’adapter aux différentes hauteurs des lieux de pose.

Ce papier peint est installé dans le château de Champlitte, dans le salon d’hiver. Il peut se visiter sur demande, être vu lors des expositions temporaires ou à l’occasion de certaines animations.

En savoir plus

Sur ce panoramique, de nombreux détails renvoient aux populations et paysages des îles explorées, évoquant la flore luxuriante, l’habitat, mais aussi les relations et pratiques sociales de ces peuplades si éloignées des Européens. Si le souci de l’exactitude est à souligner et si le livret fourni avec le panoramique est une mine d’or de renseignements sur ces peuples du Pacifique, les artistes prennent pour autant quelques fois des libertés avec la réalité, soit par choix, soit par nécessité. En effet, ce papier peint présente 15 peuples différents distants parfois de plusieurs milliers de kilomètres rassemblés ici sur quelques mètres linéaires. Les personnages mêlent donc des attributs associés à différents peuples.

D’autres libertés sont davantage artistiques, telle que la représentation des régimes de bananes dessinés à l’envers. Il ne s’agit pas là d’une erreur mais bien d’un choix puisque Charvet, étant botaniste, connaissait très bien ce type de plante, ayant lui-même participé à des voyages d’exploration. Enfin, certains aspects sont éludés pour ne pas choquer les Européens. Le but de Dufour reste bien de vendre son panoramique et pour cela il doit plaire à ses futurs acheteurs. Les tatouages présents sur la peau de nombreuses populations du Pacifique ou leurs lèvres percées ne sont donc pas représentés, détails choquants pour la bonne société de l’époque.

Par ailleurs, la composition reprend les codes classiques en faisant référence à la culture gréco-romaine, notamment dans le drapé des vêtements, les sandales portées par les hommes ou la position des corps représentées dans le cadre d’activités sportives (lutte, danse).

Enfin, l’artiste reprend aussi les influences de son temps. Ainsi, les bordures et les décors sont issus de la mode Empire : broderies, pompons et glands.

Si Les Sauvages de la mer Pacifique ont rencontré un véritable succès depuis leur édition en 1804 par la manufacture Dufour et leur présentation à Paris durant l’Exposition des produits de l’industrie française en 1806, l’exemplaire mis en place à Champlitte est un exemplaire rare de ce panoramique resté in situ.

Fabrice Barassi-Zamochnikoff, professeur d’histoire-géographie.

Contexte

L'Europe et le monde au XVIIIe siècle

Depuis le XVIe siècle, l'Europe a pris pied sur tous les continents et chaque grande puissance possède des territoires qui forment des colonies. La France et le Royaume-Uni comptent parmi les principales puissances coloniales. Les rivalités entre ces puissances s’accroissent. Au début du XVIIIe siècle, les navires européens circulent avec de nombreux produits. Le commerce triangulaire se développe.

Cette ouverture sur le monde influence le mode de vie des Européens. Les récits de voyage donnent naissance à l'étude des peuples, tandis que les philosophes opposent à l'Européen, corrompu par la civilisation, le bon sauvage des îles. On dit parfois que les Européens ont amorcé là une première mondialisation. Certains paysages européens changent, comme en témoigne le développement des ports atlantiques à Bordeaux, Nantes, etc.

Cependant, ce n'est pas l'ensemble du continent européen qui est concerné par ces évolutions.

Des marins comme James Cook continuent d’explorer le monde. Ils ont des objectifs précis à leurs expéditions. Lors de son troisième voyage par exemple, il recherche les possibilités d'un passage par le nord-ouest. Ce trajet permettrait de se rendre plus rapidement en Asie. James Cook cherche longuement mais ne trouve rien à cause des glaces. Il faudra attendre le XXe siècle pour que ce chemin soit emprunté.

Complément(s)

Image(s)

 Habitants de Tongatabo

 

 

 

 

 

 

 

 

  Habitants des îles Marquises

 

 

 

 

 

  Habitants de Nouvelle-Calédonie

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