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La chapelle Notre-Dame du Haut

Ronchamp | Haute-Saône | 1955
Époque contemporaine | Religions

© Notre-Dame du Haut

Une chapelle moderne de Le Corbusier

Après la Seconde Guerre mondiale, l’association propriétaire du site veut reconstruire l’ancienne chapelle de pèlerinage détruite pendant les combats de 1944. Pour le choix d’un projet, elle fait appel au diocèse de Besançon. Ce dernier souhaite un renouveau de l’art sacré proche des croyants. Il fait alors construire des églises résolument contemporaines (les Bréseux, Audincourt, etc.) à des artistes tels que Bazaine, Léger ou Novarina. Pour la reconstruction de la chapelle, le diocèse entre en contact avec Le Corbusier. Ce dernier a déjà réalisé des habitations très modernes (Villa Savoye à Poissy en 1929, Cité Radieuse de Marseille en 1947) mais n’a jamais construit d’église. Il refuse donc d’abord l’offre du diocèse avant de changer d’avis à la vue du paysage entourant le site, qui provoque en lui un vrai choc esthétique. Il dessine la chapelle en réponse à ce paysage environnant, en utilisant les mêmes formes courbes que les montagnes du Jura et des Vosges.

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Une architecture religieuse nouvelle et fonctionnelle

Tenu par son cahier des charges, Le Corbusier dessine une chapelle double : le chœur extérieur côté Est accueille les grandes messes de pèlerinage, tandis que l’intérieur (d’une capacité de deux cents personnes), est propice à la méditation individuelle et aux petites cérémonies. Les trois tours abritent trois chapelles latérales qui guident la lumière dans l’édifice.

La structure architecturale est subtile et moderne : un système de piliers porteurs en béton armé est noyé dans des murs non porteurs, constitués des pierres de l’ancienne chapelle et recouverts de béton. À l’intérieur, Le Corbusier façonne les formes de la chapelle par la lumière, qui lui confère une dimension sacrée. L’intérieur est relativement sombre, ce qui rend les sources de lumière d’autant plus importantes : les rayons de soleil entrent filtrés par les vitrages peints par Le Corbusier du « mur de lumière » côté Sud, l’espace entre le mur et le toit et les brise-lumière au-dessus des portes et dans les chapelles latérales. Le toit en béton brut de décoffrage est quant à lui inspiré d’une carapace de crabe : il se compose de deux fines membranes formant une coque creuse.

Le Corbusier a également construit en contrebas de la chapelle deux maisons : la maison du chapelain, logement du prêtre, et l’abri du pèlerin, qui a d’abord servi à abriter les ouvriers du chantier de construction avant de loger les pèlerins. Il a aussi édifié près de la chapelle la Pyramide de la Paix, mémorial commandé par les anciens combattants de Ronchamp pour célébrer les soldats tombés sur le site en 1944.

D’autres constructions ont ensuite été ajoutées après la mort de Le Corbusier en 1965. En 1975, Jean Prouvé construit le campanile, et en 2011 l’architecte italien Renzo Piano édifie le nouveau bâtiment d’accueil et un monastère de clarisses.

Alice Perrier, professeure d’Arts plastiques, chargée de mission.

Contexte

À la fin du XIXe siècle, l’art sacré peine à se renouveler. Au tournant du siècle, des artistes et des architectes tentent un renouveau du mobilier dans les formes en vogue, notamment Art déco : les frères Perret au Raincy (1922-23) bâtissent une église de béton armé, mais qui conserve ses piliers et vitraux inspirés de l’art gothique. Il faut attendre de grands polémistes comme Paul Claudel pour imaginer un art sacré en phase avec son époque. Il propose par exemple la construction d’une église souterraine à Chicago, un lieu de rassemblement pour l’humanité entière, dans une métropole moderne. En France, après 1945, puis dans le sillage du Concile de Vatican II, des intellectuels chrétiens s’engagent en faveur de la mise au goût du jour de l’art sacré. C’est le cas du père Couturier, directeur de la revue l’Art sacré. Pour lui, l’art ne pouvait être renouvelé que par de grands artistes, seuls capables de créer une dynamique favorable. Le diocèse de Besançon se dota en 1947 d’une Commission diocésaine d’art sacré chargée d’étudier les projets de construction ou de décoration des églises. Elle a été l’une des plus actives de France et ses réalisations ont été prises comme modèles, même à l’étranger. Au-delà de la chapelle Notre-Dame du Haut, des œuvres novatrices ont vu le jour grâce à elle. C’est le cas en particulier de l’église du Sacré-Cœur d’Audincourt (1950), décorée par Jean Le Moal, Jean Bazaine et Fernand Léger (un artiste communiste).

Complément(s)

Image(s)

Vue extérieure

 

 

 

 

 

 

 Vue intérieure (le mur de lumière)

 

 Vue intérieure

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