La collection du maréchal Marmont : un legs précieux et colossal

Chatillon-sur-Seine | Côte-d'Or | Musée du Pays châtillonnais-Trésor de Vix | 1815
Époque contemporaine | L'âge industriel | République et vie politique XIXe-XXe siècles

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Le 20 juillet 1774 naît, à Châtillon-sur-Seine, Auguste Louis Frédéric Viesse de Marmont (1774-1852). Connu sous le titre de Maréchal Marmont ou parfois sous celui du “traître de 1814”, le musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix possède la plus importante collection d’Europe à son sujet. Ce maréchal et pair de France, proche de l’empereur Napoléon Ier, puis des rois Louis XVIII et Charles X, est peu connu en France en raison de sa réputation sulfureuse. Certains historiens, et ce dès 1814, lui reprochent d’avoir trahi Napoléon I^er, lors de la campagne de France, et de ne pas être parvenu à écraser l’insurrection parisienne de juillet 1830 (appelée aussi “Trois Glorieuses”). Devenu gouverneur des Provinces Illyriennes, il a tenté de moderniser ces territoires, tout comme il s’est attelé, durant son exil, à modifier le Pays Châtillonnais sur divers aspects : la métallurgie, la viticulture, l’élevage de mérinos, la production de sucre de betterave.

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Ce personnage, décédé à Venise en 1852, mais inhumé au cimetière de l’église Saint-Vorles à Châtillon-sur-Seine, permet de traverser les temps et les âges, de l’Ancien Régime de Louis XVI à l’avènement du Second Empire de Louis Napoléon Bonaparte. Tout comme il connaît, vit, subit et participe aux changements politiques, il est le témoin et l’acteur des évolutions sociales, médicales, artistiques, économiques et urbaines qui se manifestent dans ce XIXème siècle aux échelles locale, nationale et internationale. La ville de Châtillon-sur-Seine a obtenu le label de « ville impériale » en 2021, ce qui permet de réaliser une déambulation dans les rues sur le thème de l’Empire. La collection s’est constituée au fil du temps notamment par une donation du Maréchal Marmont de certains de ses biens à la ville de Châtillon-sur-Seine, et par un legs réalisé par l’un des descendants de sa famille maternelle.

De diverses pièces composent cette importante collection comme des monnaies françaises (assignats) et étrangères de l’Ancien Régime à 1852 ; des décorations militaires tels que des légions d’honneurs, un collier de l’ordre du Saint Esprit et un collier de l’ordre de Saint André (ordre russe) ; des portraits de ses parents, cousines, de Victorine de Chastenay, de Napoléon Bonaparte et de lui-même qui permettent de suivre son ascension militaire, du mobilier d’époque Empire comme un secrétaire, une vitrine, une commode et son bureau et des objets uniques à cette collection comme des nécessaires de toilettes, la titulature officielle de nomination au titre de Maréchal d’Empire, signé de la main de Napoléon, ses bâtons de maréchal (Empire et Restauration), l’épée royale de Charles X, une esquisse peinte de Jacques-Louis David et une aquarelle représentant l’Aiglon (fils de Napoléon Ier) réalisée par Daffinger.

Sophie Lefebvre professeure d’histoire-géographie, enseignante missionnée pour le musée du Pays Châtillonnais-Trésor de Vix

Contexte

Après le coup d’Etat du 18 Brumaire, 9 novembre 1799, Napoléon Bonaparte s’empare du pouvoir. Il veut réorganiser la société tout en développant une politique extérieure agressive. Au début, les victoires militaires semblent légitimer son action. En 1801, il signe le Concordat avec le Pape afin de régler la question religieuse. Il instaure également une nouvelle monnaie et créé la Banque de France. Il créé des lycées afin de former les élites du régime. Le Code civil en 1804 confirme certains acquis de la Révolution et tend à uniformiser le droit. En 1804, il se proclame lui-même empereur sous le nom de Napoléon Ier lors d’une cérémonie à Notre-Dame de Paris. Il exerce un pouvoir de plus en plus dictatorial. La presse est surveillée et les opposants sont poursuivis. Il remporte, par exemple, une victoire à Ulm et à Austerlitz en 1805. A son apogée en 1811, l’Empire comprend 132 départements et 45 millions d’habitants. Après 1812, les défaites s’enchainent et il doit abdiquer en 1814. Après une tentative de retour en 1815, il est définitivement battu à Waterloo. retour