Les vitraux de la chapelle St-Eloi à la Collégiale de Semur-en-Auxois
Une commande de circonstance...
A la fin de la première guerre mondiale, le capitaine Page membre de l’état-major américain stationné à Semur-en-Auxois fait un don conséquent à l’Archiprêtre Didier, prêtre de la paroisse, afin qu’un monument commémoratif des soldats semurois morts durant le conflit soit établi dans la Collégiale. Le choix est fait d’établir le mobilier en mémoire des victimes de la guerre dans la chapellePetit lieu de culte construit à la campagne, sur un domaine privé, dans un hôpital… ou partie annexe d’une église qui comporte un autel. dédiée à saintChrétien déclaré exemplaire selon les règles de l’Eglise catholique. Les catholiques croient que les saints gardent le pouvoir, après leur mort, d’exaucer les prières et de faire des miracles en implorant Dieu au nom des croyants. Eloi, patron des maréchaux, serruriers, selliers, qui est alors en fort mauvais état du fait des infiltrations d’eau conséquentes abîmant les murs. Par ailleurs, il manquait les vitreries sur trois fenêtres. C’est vers Paul Louzier, maître-verrier, que se tourne l’Archiprêtre Didier pour la réalisation de ces vitraux.
Formant un triptyque, le premier panneau met en scène un soldat agenouillé, il est revêtu de l’uniforme bleu et rouge de 1914, son équipement sommaire renvoie au manque de préparation au moment de la déclaration de la guerre. En arrière-plan, on comprend la violence des combats de l’été 1914 à travers l’incendie d’une église détruite, écho de la destruction de la cathédraleÉglise où siège l’évêque. La « cathèdre » est la chaire de l’évêque. de Reims. Descendant du ciel, un ange sort des nuées d’incendie pour venir déposer sur la tête du soldat une couronne de feuilles de chêne, végétal symbolisant la force, le courage et la longévité. En dessous dans un cartouche, on peut lire les lieux de batailles durant lesquelles les soldats semurois ont perdu la vie.
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Du sacré au sacrifice patriotique
La verrière du milieu met en scène Jeanne d’Arc, béatifiée en 1909 et canonisée en 1920, elle est également célébrée par l’Etat qui instaure la même année une fête nationale de Jeanne d’Arc. Sa représentation est ici accompagnée d’une figure du Christ bénissant. C’est sur cette verrière qu’apparaissent les signatures de Paul Louzier, qui a dessiné les cartons, et Edmond Socard qui réalisé les verrières dont l’esthétique s’inspire clairement de style Art-Nouveau.
La dernière verrière met en scène un jeune soldat, en position de prière, il se recueille devant une tombe qui est ornée d’une cocarde anglaise. L’hommage aux soldats britanniques morts durant le conflit est aussi perceptible à travers la présence de coquelicot le « poppy » emblème du souvenir de la première guerre mondiale chez les anglais. A travers l’uniforme du soldat, on constate les changements opérés au niveau de l’uniforme et de l’équipement avec notamment la boîte pour ranger le masque à gaz. L’arrière-plan de cette verrière est composé d’un paysage apaisé avec un arbre et une prairie. Là encore, un ange descend des cieux pour poser sur la tête du soldat la couronne de laurier, symbole de la victoire. Dans le cartouche en dessous, entouré de feuilles de chêne et de laurier, on retrouve la suite des noms des champs de batailles.
Le mobilier commémoratif est complété d’un autelTable où l’on célèbre la messe. et de deux plaques en pierre sur lesquelles sont gravés les noms des 125 semurois morts durant le conflit. L’ensemble est inauguré le 19 mars 1922.
Article proposé par Céline Duchesne, animatrice du Patrimoine, Semur-en-Auxois
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