Représentation figurée d’une censive de l’abbaye Sainte-Colombe-lès-Sens
Représentation figurée d’une censive de l’abbaye Sainte-Colombe-lès-Sens
En 1623, à cause d’un contentieux près de Sens entre le prieuré de Notre-Dame-du-Charnier et l’abbayeMonastère dirigé par un abbé ou une abbesse. More Sainte-Colombe sur des droits de cens en rive gauche de l’Yonne, le lieutenant civil et criminel de Sens s’est rendu sur place pour enquêter. Il était accompagné par deux peintres, Dapremont et Cortel, qui ont réalisé un très beau plan en élévation de ce quartier, ainsi qu’une représentation de la rivière, de l’île d’Yonne, de la cité sénonaise. Ce plan a été réalisé sur une peau d’animal entière, vraisemblablement de mouton, mesurant 97 ´ 76 cm. Au bas du parchemin, la découpe correspond au haut des pattes arrière de l’animal, tandis qu’en haut se devine une partie de celle qui est liée aux pattes avant. On remarque que les peintres ont tiré le meilleur parti de la place dont ils disposaient puisqu’ils ont délimité un rectangle approximatif pour la représentation cartographique puis utilisé toute la partie inférieure pour la légende (nom des lieux et, le cas échéant, des tenanciers).
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Aux époques médiévale et moderne, les points cardinaux étaient indiqués sur les plans car il n’y avait pas encore de convention voulant que le nord soit placé en haut. Ici, le nord est à gauche, peut-être pour que la partie essentielle du plan soit au centre et proche de la légende. Si des plans de cette époque comportent une échelle, qui est alors respectée, ce n’est pas le cas ici où plus d’importance est donnée au quartier autour de la rue Chignon (n°6), au cœur du contentieux, qu’à la ville de Sens.
De même, les cartes n’étaient jamais une représentation plane ; les bâtiments utiles pour le propos étaient dessinés en élévation, comme pouvaient l’être des arbres ou des monuments. Ici, seuls les remparts de la cité de Sens, et non l’intérieur de la ville, sont figurés car le litige ne concerne en rien la ville. En revanche les habitations du quartier sur lequel porte le conflit sont bien reproduites, ainsi que des points de repères tels que les ponts (n°4, 8), un puits (n°7) ou surtout quatre bornes (n°3) qui font l’objet de contestations. Sur l’ensemble du dessin, les points de vue sont donc variables, en surplomb ou au niveau, ce qui est déroutant de prime abord, mais apporte également de nombreux renseignements en termes de construction. Ainsi les portes et tours de la ville sont représentées de façon très fine et assez fidèle semble-t-il, de même qu’un certain nombre d’églises et de bâtisses imposantes, même s’il n’est pas certain que tous soient reproduits de façon parfaitement exacte.
Les bâtiments ne sont pas les seuls à être peints : les terres agricoles le sont également et il est aisé de distinguer d’une part les emblavures avec les longs traits de différentes nuances d’ocres pouvant évoquer les labours (n°12, 16) et d’autre part les prés et pâturages, à proximité de l’eau, moins uniformément plats (n°16, 17). Les terrains arborés sont, eux, figurés à l’aide d’arbres.
Ce plan dépasse donc son objectif premier, par son contenu et sa qualité artistique.
Nathalie Verpeaux, professeure d’histoire-géographie.
Complément(s)
Document(s)
Calque de l’ensemble du document.
Plan censive Sainte-Colombe calque et légende : Calque du plan figuré et transcription de la légende