Anne Boleyn à la tour de Londres
Le personnage d’Anne Boleyn occupe l’essentiel du tableau et forme le cœur triangulaire d’une composition rigoureuse. Anne Boleyn est la deuxième épouse du roi Henri VIII d’Angleterre et reine consort de 1533 à 1536. Elle est la mère de la reine Élisabeth Ière. Accusée d’adultère, d’inceste et de haute trahison, elle est exécutée par décapitation. Elle est à l’origine de la création de l’église anglicane et elle a inauguré le divorce chez les rois d’Angleterre. La scène est confinée dans un espace restreint, intimiste, centré autour des mains enlacées des personnages, évoquant le dernier moment de réconfort. Une froide lumière éclaire le visage du personnage, contrastant avec les tons sombres de la pièce, drapée d’épaisses tentures. L’atmosphère pesante et dramatique qui s’en dégage annonce le destin funeste de la malheureuse.
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Ce tableau, exécuté pour le Salon de Paris de 1835, est bien accueilli par la critique mais ne sera jamais vendu et restera chez le peintre jusqu’à sa mort. Le musée Rolin en fait l’acquisition en 1982. Le peintre représente Anne Boleyn fragilisée et pathétique. L’ambiance lourde et oppressante renforcée par les tissus sombres et épais, accentuent la blancheur et la fragilité de la reine. Sa main droite tombante, comme exsangue, accentue l’impression d’abandon. Le peintre a soigneusement détaillé la richesse des vêtements et des bijoux pour accentuer les contrastes entre le statut de reine et sa déchéance. Fortement influencé par la littérature britannique, il utilise ici le vocabulaire romantique pour insister sur la fragilité de la victime.
Le traitement des personnages, lisse et précis, le soin accordé aux costumes et accessoires, accentuent le réalisme et l’impression de véracité historique. Ce tableau est représentatif du style « troubadour », qui s’exprime à travers des objets et un décor ancrés dans le monde médiéval. Il s’agit d’une catégorie intermédiaire entre la scène de genre et l’histoire appelé genre anecdotique ou troubadour, en référence à un Moyen-âge revenu à la mode, revisité et réinterprété au goût de l’époque. Les artistes s’appuyent sur les sources littéraires, historiques et architecturales afin d’illustrer des épisodes historiques et susciter l’émotion du spectateur. Contrairement au néo-classicisme, ils ne choisissent pas d’illustrer des événements majeurs mais plutôt des anecdotes empruntées à la vie plus intime, plus personnelles de personnages qui ont fait l’histoire.
Nicolas Lombard, professeur d’arts plastiques missionné
Complément(s)
Vidéo(s)
- Vidéo 5 minutes au musée Rolin, Anne Boleynhttps://www.museerolin.fr/videos-5-minutes-au-musee-rolin