retour

La statue de Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine

Alise-Sainte-Reine | 1865
Époque contemporaine | République et vie politique XIXe-XXe siècles

Daniel Janichon

Un monument colossal

Haute de 6,60 mètres et pesant près de 5 tonnes, la statue de Vercingétorix façonnée par le sculpteur Aimé Millet est formée de tôles de cuivre battues et repoussées, fixées sur un bâti de poutrelles, à la manière de la statue de la Liberté. Elle est cependant construite et exposée vingt ans avant cette dernière, en 1865. Après le Salon du Palais de l’Industrie à Paris, elle rejoint le site archéologique d’Alésia, à l’extrémité Ouest du Mont Auxois, dominant ainsi le champ de bataille. Solidement ancrée sur un socle de 7 mètres de hauteur en granit de Saulieu et pierre de Pouillenay dessiné par Eugène Viollet-Leduc, la statue est porteuse d’un message. Un bandeau de bronze ceint le socle sur lequel on peut lire une phrase attribuée à Vercingétorix (par Jules César lui-même, dans De Bello Gallico, VII, 29) : « La Gaule unie, formant une seule nation, animée d’un même esprit, peut défier l’univers ». Sous cette phrase, celle du dédicateur : « Napoléon III, empereur des Français, à la mémoire de Vercingétorix ».

En savoir plus

En 1865, l’Empereur s’intéresse depuis plusieurs années déjà à Jules César – sur le plan historique, mais également sur le plan politique. Il s’est entouré des plus grands spécialistes pour rédiger une biographie du général et homme d’état romain : le premier tome paraît l’année de l’érection de la statue de Vercingétorix à Alise, le second (qui traite l’épisode de la Guerre des Gaules) l’année suivante. Le troisième tome sera rédigé et publié en 1887 grâce aux bons soins d’Eugène Stoffel, officier d’ordonnance de Napoléon III et responsable des fouilles à Alésia de 1862 à 1865. Car la statue marque également l’aboutissement d’une campagne de recherche sans précédent visant à localiser, cartographier et fouiller les principaux sites de la guerre des Gaules : les dernières incertitudes quant au lieu de l’ultime bataille de Vercingétorix étant levées, Napoléon III a tenu à marquer l’emplacement en commanditant une statue monumentale qui ferait date – et lui permettrait d’associer son nom à celui du héros gaulois. Ce n’est en effet pas Jules César triomphant qui trône au sommet du Mont Auxois, le regard tourné vers Rome, mais Vercingétorix, le vaincu. Un bien fier vaincu, à y regarder de plus près : ce ne sont pas tant les nombreuses erreurs ou approximations qui ont conduit le sculpteur à représenter le chef gaulois accoutré d’un équipement fantaisiste et pour le moins anachronique, à l’affubler de moustaches très « Second Empire » quand l’un des rares portraits du chef gaulois – retrouvé à Alésia – le représente glabre. C’est aussi une ressemblance troublante avec le visage d’un empereur qui semble souhaiter, lui aussi, que son pays, uni, forme « une seule nation animée d’un même esprit » et puisse « défier l’Univers ».

Daniel Janichon, professeur d’histoire-géographie, référent culture PAH Auxois-Morvan.

Contexte

Gouverner sous le Second Empire

Le peuple ratifie lors d'un plébiscite l'instauration du Second Empire. Selon Napoléon III, qui se présente héritier et défenseur, comme Napoléon Ier, des principes de 1789, la souveraineté de la Nation doit s'incarner dans un chef, l'Empereur. Il peut faire directement appel au peuple par plébiscite. Le régime qui se met en place est autoritaire. Le pouvoir exécutif incarné par l'Empereur domine. Les fonctionnaires doivent prêter serment à Napoléon III et les ministres ne sont responsables que devant lui. Napoléon III a seul l'initiative des lois et décide de la guerre ou de la paix. Le pouvoir législatif se partage entre le Corps législatif, élu au suffrage universel masculin, et le Conseil d'État et le Sénat dont les membres sont nommés par l'Empereur. La presse est contrôlée. Lors des élections, l'opposition peine à se faire entendre alors que les candidats officiels, soutenus par le régime, bénéficient de l'appui de l'Église et des facilités de réunion et d'affichage.

Les maires sont nommés par le préfet, fidèle à l'Empereur, pour toutes les communes, y compris celles de moins de 3 000 habitants, pour cinq ans à partir de 1855.

Le Second Empire est un césarisme démocratique, c'est-à-dire une dictature qui affirme s'appuyer sur le peuple selon le principe de la souveraineté de la Nation.

À partir de 1860, l'Empire devient moins autoritaire et engage des réformes libérales. Il accorde le droit de grève aux ouvriers en 1864. Il donne davantage de droit à l'opposition et de pouvoir au Corps législatif. L'opposition républicaine progresse mais l'Empereur garde le soutien d'une large majorité de la population lors du dernier plébiscite sur les réformes libérales organisé en 1870. Cependant, Napoléon III commet l'erreur de se lancer dans l'aventure de la guerre contre la Prusse durant l'été 1870. La défaite française précipite la fin du Second Empire. La République est proclamée le 4 septembre 1870.

Complément(s)

Site(s)

Le site du Pays d’Art et d’Histoire Auxois-Morvan propose une série de plaquettes « Laissez-vous conter » sur plusieurs villes ou villages du territoire. L’une d’elle est consacrée au « Pays de l’Auxois-Morvan » et traite de la statue de Vercingétorix dans la rubrique « D’un personnage à l’autre » :

https://www.pah-auxois.fr/les-publications/

 

Le site Alesia.com propose une visite guidée de la ville gallo-romaine d’Alésia complétée d’une option « Statue de Vercingétorix ». « Le médiateur décrit le monument, détaille son contexte historique et explique en quoi le portrait n’est pas réaliste. Pour les plus grands, il peut aborder la notion de mythe national. »

https://www.alesia.com/groupes/enseignants-2023-2024/

L’accès à la statue est  libre et gratuite.

Abonnez-vous à notre lettre d'information !

et restez informé(e) de l'actualité du site

retour