Une galerie Renaissance
Depuis le XIIIème siècle le château appartient à la famille des Vergy. Avec François de Vergy, d’importants travaux sont réalisés entre 1564 et 1566. Ce dernier souhaite ainsi moderniser l’édifice, à l’allure médiévale trop prononcée et démodée pour l’époque, en intégrant à la structure une nouvelle aile inspirée de la Renaissance flamande. Cette galerie nouvelle sert alors de passage couvert permettant de relier deux cours aux tailles inégales. La galerie n’était donc pas fermée de fenêtres comme c’est le cas actuellement mais était bel et bien percée d’arcs ouverts. L’étage situé au-dessus disposait d’appartements.
Le décor était par contre déjà celui que l’on peut admirer aujourd’hui, reprenant deux des ordres architecturaux antiques : l’ordre ionique et l’ordre corinthien. En effet, la Renaissance est la période où l’on redécouvre les civilisations grecques et romaines, sources d’inspiration des nouvelles constructions.
En savoir plus
Cette galerie va être influencée par le premier édifice civil comtois de style renaissance possédant lui-même une galerie ouverte : le palais Granvelle à Besançon, édifié trente ans plus tôt. Construite vraisemblablement à la suite de la galerie du château sous l’impulsion de François de Vergy, et par le même artisan, la façade actuelle de l’hôtel de ville de Gray donne une assez bonne idée de ce que devait être la structure initiale de l’aile renaissance construite à Champlitte.
Sur la façade du château de Champlitte, l’ordre ionique (colonne prenant la forme de cornes de bélier ou de volutes) est représenté à l’étage inférieur alors que l’ordre corinthien (colonne intégrant un décor végétal, ici des feuilles d’acanthe) se situe à l’étage supérieur. La composition géométrique est renforcée verticalement par les différents types de fenêtres associés à chacun des étages : de grands arcs (ouverts à l’époque), des fenêtres à meneaux pour l’étage des appartements puis des lucarnes sur la couverture. Cette géométrie se retrouve aussi de manière horizontale avec l’alternance des corniches et des entablements richement décorés. Le décor fait de feuillages, fleurs, fruits et la présence de cornes d’abondance montre la volonté de faire de cette nouvelle construction une vitrine de la richesse des Vergy.
Après l’incendie de 1751 qui ravage le château, la galerie renaissance va reprendre vie et devenir l’élément central du château. L’idée fondatrice de l’architecte d’alors, Jean-Antoine Caristie, est celle de conserver les éléments de l’aile du XVIe siècle pour en faire la façade du nouvel édifice. Pour cela, il fait reconstruire à l’identique les éléments trop abîmés par le temps ou par le feu et réemploie les éléments pouvant être réutilisés afin d’obtenir une construction homogène. La nouvelle galerie mesure 28 mètres de long sur une largeur de 5.20 mètres. Ouverte au XVIe siècle, elle est cette fois fermée par de grandes fenêtres cintrées faisant de la galerie le corps principal de l’édifice. La plus large arcade est mise au centre pour en faire l’ouverture principale du château permettant d’y accueillir une porte.
Fabrice Barassi-Zamochnikoff, professeur d’histoire-géographie.
Contexte
Imaginer, penser, créer à la Renaissance
Pour rendre l'homme meilleur, plus savant et développer toutes ses qualités, les humanistes de la Renaissance veulent une éducation idéale. Rabelais dit qu'elle doit épanouir le corps et l'esprit et comporter l'étude des langues antiques, des mathématiques, des arts, de la nature et de la médecine.
Léonard de Vinci (1452-1519) incarne bien le génie créatif de la Renaissance. Orfèvre, sculpteur, peintre, il s'intéresse à tous les domaines des connaissances. Il se consacre à des études scientifiques et techniques en mécanique, hydraulique, astronomie, mathématiques et anatomie. Il multiplie les croquis d'observation anatomique de l'homme ou des animaux. Il utilise ses connaissances pour inventer des machines extraordinaires pour la guerre, pour pomper l'eau, pour voler... Italien, il travaille pour différents mécènes. Il finit sa vie en France, appelé et soutenu par François Ier.
Peintres et architectes de la Renaissance, grâce aux progrès des mathématiques, développent un style nouveau. Avec la perspective, ils changent les habitudes visuelles des spectateurs. Inspirés de l'Antiquité, ces artistes proposent une nouvelle vision du monde et de l'homme. Ils veulent figurer une beauté idéale. En architecture, en sculpture et en peinture, ils recherchent l'harmonie, la simplicité des lignes, les proportions idéales. Coupoles et colonnes antiques sont remises à la mode.
Vers 1475, Martini et Laurana peignent la cité idéale. Cette représentation urbaine mêle formes antiques, symétrie et perspective. L'humaniste anglais Thomas More décrit dans son livre L'Utopie une société parfaite, idéale, où règnent l'égalité et l'harmonie entre les hommes.
retour