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Un étonnant canif

Besançon | Doubs | Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie | 150
Antiquité | Gaulois et Romains

© Musée des beaux arts et d'archéologie de Besançon

Ce canif a été découvert lors des fouilles de la ZAC Pasteur à Besançon (2010-2012), au cœur de la ville antique de Vesontio. Il était dans une fosse avec d’autres objets (monnaies, céramiques, gobelet en verre) datés du milieu du IIème siècle après J.-C. jusqu’au IVème siècle après J.-C. Cet objet est constitué d’une lame en fer, repliée dans une fente au dos d’un manche en ivoire, et d’une mitre (bague) en argent dans la partie inférieure.

Le personnage sculpté dans l’ivoire est un gladiateur, identifié grâce à ses armes comme appartenant à la catégorie des hoplomaques. C’est un gladiateur offensif avec sa lance pour mener des attaques frontales. Un petit bouclier rond couvrant tout le torse, deux jambières, un protège-bras au bras droit et un casque avec visière, orné d’un cimier, permettent de le protéger lors des combats.

Ce canif était probablement destiné aux soins du corps. Les matériaux utilisés et la fabrication soignée en font une pièce d’artisanat de grande qualité. Il appartenait sans doute à une personne aisée.

En savoir plus

Le secteur fouillé, à l’extrémité nord-ouest du cardo et à l’embouchure du pont (Battant), correspond à l’époque romaine à un quartier très bien situé : il est proche de l’amphithéâtre sur l’autre rive (rue d’Arènes), du forum, des thermes publics (place de la Révolution) et du sanctuaire de Chamars. Ce quartier regroupe des habitations, des commerçants (fumaison, boulangerie, auberge) et des artisans (métallurgie) dans des maisons comportant un ou deux étages sur rez-de-chaussée, le long d’une rue large d’environ 5 mètres.Le canif mesure 8,5 cm de hauteur. Le gladiateur est doté de hautes jambières (ocrae) rembourrées et d’un protège-bras au bras droit. Entre les orteils du personnage, des brides de sandales sont visibles. Dans la main droite, il tient une lance (hasta), et dans la main gauche un petit bouclier rond bombé (parmula) décoré au milieu d’un losange et d’un motif d’écailles. Des études en laboratoire de restauration ont montré que ce bouclier était coloré avec des pigments blancs, rouges et bleus. Le casque est doté d’un col qui descend sous la nuque et entoure le cou. La visière est représentée par deux lignes verticales. De chaque côté du cimier, il y a deux autres prolongements qui pourraient correspondre à des plumes.

Le terme armatura désigne les différents types de gladiateurs en fonction de leur armement et de leur technique de combat. L’équipement du personnage sculpté le classe dans l’armatura hoplomachus. Il appartient aux armaturae techniques (mirmillon, rétiaire…) qu’il faut distinguer des armaturae « ethniques » (Samnite, Gaulois ou Thrace) plus anciennes.

Une trentaine de canifs représentant un gladiateur ont été découverts en Europe. La lame est peu épaisse et le manche court. Son utilisation, peut-être comme couteau de barbier, demande de l’agilité et de la finesse. Il s’agissait plus d’un objet décoratif que pratique car le canif présente peu de traces d’usage. La richesse du décor et sa polychromie, la représentation d’un hoplomaque en fait un objet rare.

texte de Benjamin Perrier, professeur missionné par la DRAEAC

Contexte

Les grands monuments des villes gallo-romaines fréquentés par la population sont des lieux de vie et de loisirs importants. La domus est un élément de la ville à la romaine. L'odéon est consacré à la lecture, aux déclamations et à la musique. Les Gallo-Romains y découvrent les grandes œuvres littéraires. Les théâtres peuvent être de grande taille. Celui de Lyon, alors appelé Lugdunum et capitale des Trois Gaules, accueille 10 500 spectateurs. Le théâtre d'Orange est remarquable car il a conservé, en arrière de la scène, son mur où se trouve une statue d'Auguste. Inspirées du théâtre grec, les représentations théâtrales romaines s'en écartent pourtant. Certaines pièces sont marquées par la grossièreté et la vulgarité. Les foules aiment se rendre au cirque situé à l'écart de la ville. C'est le lieu des courses de chars à quatre chevaux, les quadriges. Les attelages en compétition forment des factions qui peuvent s'identifier à des couleurs. À Lyon, on a retrouvé des médaillons d'applique célébrant le quadrige des « verts ». L'amphithéâtre est le lieu de spectacles très populaires : les combats de gladiateurs et les exécutions. Les thermes sont un élément essentiel de la vie quotidienne des villes de l'Empire romain. On s'y rend pour l'hygiène et la santé du corps. C'est aussi un lieu de rencontre où l'on peut voir ses amis, traiter des affaires, jouer aux dés ou pratiquer un sport. Un système ingénieux de chauffage par le sol permet, en plus des bains froids, d'y prendre des bains tièdes et chauds. Les thermes comportent également le sudatorium, pièce chaude destinée à la transpiration. Les villes sont un élément essentiel de la diffusion du mode de vie romain en Gaule.

Complément(s)

Image(s)

 

Cette coupe sigillée représente un combat de gladiateurs entre un Thrace à droite (petit bouclier carré cintré et dague recourbée) et un mirmillon à gauche (glaive et bouclier allongé). Fin du Ier-IIe siècle après J.-C., musée des beaux-arts et d’archéologie de Besançon.

Site(s)

Une visite virtuelle de l’exposition  » Le passé des passages »

 

Une conférence de Claudine Munier Le passé des Passages Pasteur : histoire d’un quartier de Besançon

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