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La journée du 2 août 1914 dans le Territoire de Belfort

Belfort | Territoire de Belfort | Archives départementales du Territoire de Belfort | 1914
Époque contemporaine | La guerre aux XIX et XX ème siècle

La journée du 2 août 1914 dans le Territoire de Belfort
© AD 90, 5 JMS 22

La journée du 2 août 1914 dans le Territoire de Belfort

Cet extrait des Ephémérides de Louis Herbelin évoque les événements survenus le 2 août 1914. La guerre n’est pas encore déclarée mais depuis le 1er août des intrusions allemandes sont constatées en différents points de la frontière dans le Territoire de Belfort. Les militaires français avaient quant à eux reçu l’ordre de s’en tenir éloignés. Dans la matinée, une patrouille allemande composée de sept cavaliers du 5ème régiment de chasseurs à cheval, basée à Mulhouse, s’approche de la frontière en vue d’effectuer des repérages. Devant la maison Docourt à Joncherey, ils se retrouvent face aux hommes du poste avancé du 44ème régiment d’infanterie, dirigé par le caporal Peugeot. Le sous-lieutenant Mayer, à la tête de la section allemande, fait feu sur le caporal Peugeot. Grièvement blessé, celui-ci réplique et touche mortellement son adversaire. Le caporal Peugeot devient ainsi la première victime française de la Grande Guerre. Louis Herbelin n’imagine pas alors que la mort du caporal deviendra un symbole dans l’histoire de la Grande Guerre. A propos de cette journée, Louis Herbelin évoque également l’ordre de mobilisation et les mesures particulières frappant la population : organisation de l’évacuation des bouches inutiles vers les départements du Jura et de l’Ain, réquisition des trains pour un usage militaire…

En savoir plus

Louis Herbelin (Delle, 1848 – Belfort, 1922) est un érudit belfortain. Expert-syndic auprès du tribunal de commerce, il consacre ses loisirs à l’étude de la botanique et à l’histoire locale. En 1890, il intègre la société d’Emulation belfortaine et rédige de nombreux articles, en particulier sur sa ville natale. Agé de 66 ans en 1914, il refuse pourtant de quitter Belfort avec les bouches inutiles et offre son concours à l’ambulance Notre-Dame des Anges, soucieux de servir son pays dans la mesure de ses compétences ; il y tient la comptabilité. Ses filles, membres de la Croix Rouge, sont également au service de cette ambulance. C’est grâce à cette fonction qu’il obtient l’autorisation de demeurer à Belfort ainsi qu’un laissez-passer pour l’ensemble du département ; il se déplace très souvent et témoigne ainsi de ce qu’il voit ou collecte l’information auprès de sources sûres. Il complète ses chroniques de coupures de presse et de documents divers. Louis Herbelin rédigera ses éphémérides du 31 juillet 1914 au 13 juillet 1919. Il relate les événements qui vont marquer le pays par le prisme de l’histoire locale ; quotidien des civils et faits militaires sont passés en revue. L’auteur débute le récit de chaque jour par des indications météorologiques, souvent déterminantes dans le déroulement des opérations militaires et insiste particulièrement sur le prix des denrées alimentaires, préoccupation majeure de la population en temps de guerre. Il y relate les événements locaux et nationaux, tout en accordant une large place aux exploits de son neveu, Andé Herbelin, pilote dans l’aviation, qui deviendra un As. Outre la rédaction de ses vingt carnets, il rédige pour « L’Alsace », journal local, des articles sur les communes du Territoire de Belfort. Ses éphémérides seront publiées dans la Revue d’Alsace entre 1922 et 1930. Politiquement issu des rangs de la droite catholique conservatrice, Louis Herbelin donne son avis, exprimant parfois son scepticisme ; des allusions xénophobes, antisémites ou encore condescendantes vis-à-vis des troupes coloniales émaillent parfois ses écrits, il n’en reste pas moins que son récit est d’une fiabilité indéniable pour cette période de l’histoire belfortaine.

Sandrine Bozzoli, professeure d’histoire-géographie.

 

Contexte

Combattre pendant la Première Guerre mondiale 

Une guerre totale  

En septembre 1914, la Bataille de la Marne stoppe l'offensive allemande. La ligne de front se stabilise pour plusieurs années. La guerre de mouvement laisse la place à une guerre de position. Tout au long du front, les belligérants s'enterrent, les soldats creusent des tranchées. Ce sont des fossés à ciel ouvert séparés par la zone de combat. 
La Première Guerre mondiale est une guerre moderne. Il faut un armement plus puissant que celui de son adversaire pour rompre l'équilibre des forces et le vaincre. La victoire dépend aussi de la capacité d'innovation technologique des nations en conflit. 
L'aviation, les sous-marins, les chars d'assaut sont pour la première fois utilisés durant la Grande Guerre. La marine de guerre se perfectionne. L'artillerie se modernise : canons à longue portée, obus de gros calibres. Les armées utilisent des armes chimiques comme les obus à gaz « moutarde ». Lance-flammes et mitraillettes datent également de 14-18, comme l'utilisation massive des fils barbelés. 
La médecine tente de répondre à la gravité des blessures. Marie Curie organise par exemple un cabinet itinérant de radiologie. 
Toutes les ressources dont disposent les États sont mobilisées pour la victoire. Les États mettent en place une économie de guerre.
L'industrie doit produire des armements en masse. La guerre devient une guerre industrielle. 
La main-d'œuvre est mobilisée. En France, ouvriers qualifiés de la sidérurgie, ouvriers venus des colonies, immigrés comme les Chinois et prisonniers travaillent pour l'effort de guerre. Les femmes remplacent les hommes partis au front : les « munitionnettes » produisent dans des usines modernisées des tonnes d'obus.
Pour que la population se mobilise entièrement pour la victoire, il faut obtenir son consentement. Censure et propagande, « bourrage de crâne », assurent l'adhésion des populations à la politique de guerre, y compris celle des enfants qui sont embrigadés. 
La mobilisation des civils, des militaires et de toutes les ressources de la Nation fait de la Première Guerre mondiale une guerre totale. 

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