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L’affaire Dreyfus s’immisce dans les élections législatives de 1898 du Haut-Jura

Saint-Claude | Jura | Archives départementales du Jura | 1898
Époque contemporaine | République et vie politique XIXe-XXe siècles

© Arch. dép. Jura, M 1017 (sous-série 3M)

Première affaire médiatisée en France, l’affaire Dreyfus divise les Français entre pro et anti-dreyfusards, impact qui transparaît dans les médias dès 1894. Garantie depuis la loi du 29 juillet 1881, l’indépendance de la presse permet une liberté de parole qui peut paraître étonnante aujourd’hui. En 1898 des élections législatives vont avoir lieu en France. Les candidats eux-mêmes s’emparent de l’affaire Dreyfus, qui, déjà omniprésente dans la presse, devient, dans tout le pays, le thème principal de la campagne électorale. Les candidats se positionnent pour ou contre Dreyfus, dans le Jura comme dans toute la France.

Les deux tours de scrutins auront lieu les 8 et 22 mai 1898. Dans le Jura, les circonscriptions électorales sont au nombre de quatre : Dole, Lons-le-Saunier, Poligny et Saint-Claude. Henri-Jean Jobez est député sortant dans cette dernière. Il est membre du parti Républicain. Il ne devient député qu’en 1897. A l’issue des élections, les radicaux Jean-Baptiste Bourgois à Dole et Georges Trouillot à Lons-le-Saunier sont réélus.

En savoir plus

Cette affiche électorale antisémite et anti-dreyfusarde, du candidat Henri-Jean Jobez est présentée comme la réponse à une attaque d’Emile Cère, républicain de gauche, candidat face à Henri-Jean Jobez dans la circonscription de Saint Claude. Sur sa propre propagande électorale, Emile Cère critique Henri-Jean Jobez pour son attitude vis-à-vis de l’affaire Dreyfus.

Jean-Baptiste Bourgeois, Georges Trouillot et Victor Poupin sont mentionnés dans l’affiche électorale d’Henri-Jean Jobez. Présentés comme dreyfusards, ces trois candidats se seraient abstenus lors d’un vote à l’Assemblée Nationale le 4 décembre 1897, condamnant les meneurs de campagne dans la presse. A l’inverse, Henri-Jean Jobez a voté favorablement et Emile Cère aurait à priori voté contre ou se serait abstenu. Ce même jour du 4 décembre 1897, Jules Méline, président du Conseil – lui aussi républicain et hostile à la révision du procès Dreyfus – a déclaré qu’il n’y avait « pas d’affaire Dreyfus », prise de position qui provoquera sa chute.

Né le 26 juin 1865 à Saint-Dizier (Haute-Marne), Henri-Jean Jobez est membre de la famille propriétaire des Forges de Syam et parent avec les Monnier, autre grande famille, propriétaire de la Fonderie Baudin à Sellières. Ingénieur des Mines, il a acheté dès 1893, l’un des premières voitures sorties des usines Peugeot.  Tout comme son oncle Louis Jobez, élu député du Doubs en 1848, et d’autres membres de sa famille, il se lance dans une carrière politique en devenant conseiller général du Jura en 1895 pour le canton de Morez. Lors de l’élection du 8 août 1897, il devient député de la circonscription de Saint-Claude avec 6 150 voix contre 4 861 pour le radical Gauthier. Il est battu lors du scrutin de l’année suivante par Emile Cère qui obtient 5 724 voix contre 5 294 pour Henri-Jean Jobez.  Abandonnant la politique, il se consacre alors à la sylviculture qui l’a toujours passionné.

Marie-Cécile Sattonnet, Enseignante-documentaliste missionnée en Service Educatif, Archives Départementales du Jura.

Contexte

La IIIe République

La IIIe République s'installe avec difficulté. Les monarchistes restent puissants durant ses premières années.

Les lois constitutionnelles de 1875 définissent un régime parlementaire et précisent que le président de la République est élu par le Sénat et l'Assemblée nationale. En 1879, le républicain Jules Grévy est élu président de la République.

À partir de cette date, de 1879 à 1889, sont votées les lois fondatrices qui donnent à la France son identité républicaine. Elles sont complétées par des mesures symboliques.

La Marseillaise est l'hymne national de la France (loi de 1879). La IIIe République impose le drapeau tricolore. Sa devise est « Liberté, Egalité, Fraternité ». En 1881 sont votées les lois de liberté de la presse et de réunion ; en 1884, celle sur la liberté syndicale.

Ministre de l'instruction publique, Jules Ferry organise l'école primaire, gratuite, obligatoire et laïque pour tous les enfants de 6 à 13 ans, jusqu'au certificat d'études (lois de 1881-82).

La mairie et l'école publique incarnent dans toutes les communes la présence de la République. Des bustes de Marianne, qui représentent la France républicaine, sont installés dans les mairies. Les statues de la République et des grands hommes ornent les places et les fontaines publiques. Ces symboles, comme l'enseignement dispensé à l'école laïque et la pratique régulière des élections, contribuent à enraciner la République.

En France, l'identité républicaine est étroitement liée à la laïcité. La culture républicaine s'oppose dans un premier temps à l'Église catholique. Les affrontements aboutissent en 1905 à la Loi de séparation de l'Église et de l'État. En 1914, les opposants à la République ne sont plus qu'une minorité. Elle résiste à l'épreuve de la Première Guerre mondiale et en sort vainqueur.

La IIIe République est toutefois déstabilisée durant l’Entre-deux-guerres. La crise économique touche la France à partir des années 1930. Les échecs gouvernementaux suscitent un fort mécontentement et la montée des extrêmes.

Complément(s)

Image(s)

   Dossier d’août 1898 : recherche de la trace d’Emile Zola et d’Alexandre Perreux,
gérant du journal l’Aurore

© Arch. dép. Jura, Mp 56/4  (sous-série 1M)

 

 

 

 

 

 © Arch. dép. Jura, Mp 56/5  (sous-série 1M)

– Deux rapports du 10 septembre 1899 : sur les réactions de la population de St Claude après la condamnation de Dreyfus

 

 

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